Après une trêve d’une année, révolution exige, le Ministère des Technologies de l’Information et de la Communication annonce la tenue de la 7ème édition de la Conférence Nationale sur les Logiciels Libres en Tunisie. Cette première édition post-révolution ne laisse pas indifférent la communauté du libre en Tunisie qui qualifient cette conférence comme « de la poudre aux yeux » qui cache des accords passés en grès à grès avec Microsoft et exigent, entre autres, l’ouverture d’un débat impliquant les acteurs du libre en Tunisie pour étudier le coût de ce genre d’accord et l’apport des solutions libres.
Durant le Microsoft Governement Leaders Forum qui s’était tenu en Afrique du Sud les 11 et 12 Juillet 2006, le Gouvernement ZABA (Ndr : pseudo de Zine El Abidine Ben Ali) et Microsoft Corporation ont signé un accord de partenariat qui prévoit des INVESTISSEMENTS de Microsoft en matière de formation, de recherche et de développement, mais engage également le Gouvernement Tunisien à utiliser des logiciels Microsoft sous licence [1][2]. En dépit des demandes répétés de la communauté OpenSource, Microsoft n’a pas fourni une copie de l’accord final et de même pour le gouvernement Tunisien. Cet accord a été suivie de plusieurs accords de structures publiques pour un montant total de plusieurs dizaines de millions de Dinars (de 2007 à 2011)[3]. Après la révolution, alors que le peuple Tunisien fait face à sa plus grande crise, le gouvernement Ghannouchi signe un marché de grès à grès avec Microsoft pour 6 millions de Dinars. Le ministère des TIC, le CNI, Tunisie Télécom …. etc font partie des structures publiques qui ont étaient les vecteurs de facilitation et d’exécution de cet accord qui a ENTRAVE LA LIBRE CONCURRENCE ET EMPÊCHE LE DÉVELOPPEMENT DE POTENTIEL DE LA JEUNESSE BASE SUR L’OPENSOURCE.
En plus, grâce à un programme sur la cybercriminalité, Microsoft a formé les représentants du gouvernement au sein des ministères de la Justice et de l’INTERIEUR à l’utilisation des ordinateurs et de l’internet pour lutter contre la criminalité. Tous les internautes connaissent la suite: piratage des comptes facebook et de la messagerie web par Ammar404 (Ndr : pseudo donné par les Tunisiens à l’appareil de censure) lors de la révolution.
Chaque année, le ministère des TIC organise un séminaire OpenSource comme « de la poudre aux yeux » pour aller plus profondément avec Microsoft, avec la bénédiction des responsables de l’OS du ministère. D’ailleurs, ironie du sort, Microsoft a été l’un des principaux sponsor de ces séminaires.
Lors de la visite de Mme Hilary Clinton en Tunisie, c’est à la chaîne TV Nessma qu’elle accorde un interview car Nebil El Karoui (celui qui a dit « Baba le7nin » à ZABA) est le mari de Saloua Smaoui PDG de Microsoft Tunisie en ce temps. Durant l’interview, Mme Clinton n’a cessé de faire l’éloge de Microsoft, allant jusqu’à conditionner l’aide à la Tunisie en TIC par le passage à travers Microsoft.
Nous demandons à tous les acteurs du libre qui vont assister au séminaire OpenSource du 29 Mars 2012 d’exiger ce qui suit:
A – Au gouvernement de mettre sur pied une commission d’experts diversifiée (juridique, technique, commerciale, politique, sécurité …etc), indépendante de l’administration, indépendante des constructeurs et des éditeurs logiciels pour:
* Nous éclairer sur les circonstances de la signature de cet accord, aussi bien avec l’état qu’avec les structures publiques dans le cadre du grès à grès, d’appel d’offre ou de consultations où sont spécifiés explicitement des produits Microsoft (avant ou après la révolution).
* Faire un Benchmarking sur le coût des licences appliqués par cet accord au contribuable Tunisien par rapport à des accords similaires avec d’autres pays.
* Se prononcer sur la validité juridique de cet accord par rapport à la loi sur la libre concurrence.
* Évaluer à leur juste valeurs les réalisations promises par Microsoft dans cet accord.
* Publier les noms des personnes qui ont été formées au USA, avec leurs lieux de travail et le « plus valu » qu’ils ont apporté en Tunisie suite à cet accord.
* Évaluer l’impact macroéconomique sur l’administration tunisienne et l’écosystème des TIC suite à l’exécution opérationnelle par le CNI (Ndr : Centre National de l’informatique) de cet accord.
B – Le gouvernement doit nous indiquer le cadre et le coût de location du bâtiment cédé par le Parc Technologique au MIC (Microsoft Innovation Center) et la raison de la non existence d’autres centres équivalents pour d’autres constructeurs ou pour l’OpenSource.
C – Le gouvernement ou ces structures publiques et parapubliques ne doivent plus signer un accord pareil sans OUVERTURE A LA CONCURRENCE TECHNOLOGIQUE.
D – Le ministère des TIC doit publier ces réalisations suite aux recommandations des séminaires sur l’OpenSource tenues précédemment.
E – L’observatoire des marchés publiques doit publier les appels d’offres et les consultation depuis 2007 dans lesquels est spécifié explicitement des produits Microsoft.