Dossier Micro$oft : réunion dans le ministère des TIC

Suite à la polémique provoquée par l’annonce par le gouvernement tunisien de l’ « Adoption du principe d’un partenariat total avec Microsoft« , le ministère des technologies de l’information et de la communication a invité quelques activistes et militants du libre de différentes associations pour une réunion débat avec le ministre M. Mongi Marzouk.

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Dans l’attente du PV officiel de la réunion voici, en vrac, des points que j’ai retenu lors du débats qui a eu lieu. Ceci reflète ma vision personnelle de cette réunion et n’ai pas le point de vue officiel.

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  • Les négociations entre Microsoft et le gouvernement tunisien ont débuté depuis plus d’une année. Microsoft, essaye de forcer la main du gouvernement pour accélérer la conclusion de l’accord final. Elle a même impliqué l’ambassade US pour qu’elle intervienne. Microsoft menace même de porter plainte contre le gouvernement tunisien pour non respect des droits d’auteurs. Alors que, normalement, c’est au gouvernement tunisien de porter plainte contre cette société pour son implication dans la surveillance des citoyens tunisiens et la censure lors de l’époque de ZABA.
  • Microsoft estime, en suivant les appels d’offres, que le parc informatique des institutions publiques est composé de 34000 PC dont 15000 sont sans licence pour le système. 35% de ces 15000 PC utilisent aussi la suite bureautique sans licence. Elle exige que le gouvernement règle ces licences sur une période de 3 ans et que le gouvernement doit faire ces achats futurs en exigeant que leur système et leur suite bureautique soient achetés avec une licence originale. Le prix par licence n’est pas encore connu, ou le ministère ne veut pas l’annoncer actuellement. Pour rappel dans le contrat de 2006-2011 le prix d’une licence était de 170$ pour plus de 70000 PC. Un prix exorbitant par rapport à d’autres contrats signés par la même société avec d’autres gouvernements, on parle de 15$ par licence pour le Brésil. Sachant aussi que Microsoft paye des universités pour que ces dernières enseignent avec leurs produits.

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  • Le ministère de l’éducation a déjà arrivé à un accord avec Microsoft pour avoir une licence à 2.5$ par installation. Alors que le ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique n’a pas arrivé à un accord et entame un processus de migration vers les solutions libres, faute de moyens et non pas par conviction comme je l’avais prédit. D’ailleurs un programme national de formation des agents du ministère sera lancé avant le début de la prochaine année universitaire.
  • Nous avons aussi signalé à M. le Ministre que vu la position de notoriété du ministère par rapport au gouvernement dans le domaine des TIC, et vu ce qui s’est passé lors de la signature du contrat avec Microsoft en 2006, une foi le ministère des TIC aurait signé, il va y avoir un raz de marré (de la part des DSI des ministères et des structures publiques) de contrats de grès à grès et d’appels d’offres orientés Microsoft en se référent à cette signature.
  • Le ministère a demandé l’appui de la communauté et des experts pour fixer une stratégie nationale qui permettra, à court terme, de limiter la dépendance du gouvernement vis-à-vis de Microsoft, voire la rompre totalement en assurant une migration étudiée et efficace vers des solutions libre. Des projets pilotes seront mis en place d’ici peu où le soutien de la communauté sera très important.

La route est longue mais la voie est libre.
Affaire à suivre …

Finalement le gouvernement signe avec Micro$oft

Dans mon dernier article « Micro$oft jetée par la fenêtre de l’université tunisienne ! » j’avais émis des doutes sur les motivations du ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique quand à ça recommandation de privilégier l’utilisation des logiciels libres dans les institutions universitaires tunisiennes.

La réponse n’a pas tarder à parvenir et on apprend aujourd’hui, dans la page officielle du gouvernement qu’une session de travail ministérielle consacrée à l’étude du dossier du contrat avec la société Microsoft a eu lieu le 26 juin 2013.

Voici une traduction* de l’annonce :

Session de travail ministérielle consacrée à l’étude du dossier du contrat avec la société Microsoft : Adoption du principe d’un partenariat total avec Microsoft sur la base d’un programme intégré.

 

M. Ridha Saidi, Ministre auprès du Premier ministre chargé des finances, a assisté hier soir (ndlt 26 Juin 2013) au palais du gouvernement à la Kasbah, à une session de travail ministérielle consacrée à l’étude du dossier du contrat avec la société Microsoft.

 

À l’issue de cette session, une recommandation a adopté le principe de partenariat global avec Microsoft sur la base d’un programme complet qui assure l’intégration des projets et des programmes de l’administration et des  ministères de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur et de la formation professionnelle et l’emploi, d’une part et d’autre part, les programmes capables de promouvoir le développement du secteur de Technologies de l’information et de la communication en Tunisie.

 

La session a également approuvé la création d’un comité directeur regroupant tous les ministères concernés et avec la participation du Premier ministère qui aura pour mission la mise au point d’un dossier complet en vertu de la loi d’orientation n°13 du 19 février 2007, relative à l’établissement d’une économie numérique, la loi n°1290 du 28 mai 2007, relative aux règles et aux procédures de signature des accords de partenariat dans le secteur de l’économie numérique, et la loi n°2019 du 23 juin 2009 qui la modifie, et de le présenter à un conseil ministériel dans les plus brefs délais.

 

République tunisienne
Présidence du gouvernement
Services du conseiller en communication
Tunis le 27 juin 2013

 

* : traduction collaborative par la communauté.

MAJ (05/07/2013) : Rien n’est encore signé entre le gouvernement et Micro$oft. Les négociations sont encours.

Quelques réactions à chaud :

Micro$oft jetée par la fenêtre de l’université tunisienne !

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Il y a quelques mois j’ai parlé d’une lettre envoyée par le ministère de l’enseignement supérieure et la recherche scientifique à tous les établissements universitaires en Tunisie afin de “spécifier leur besoins en systèmes et applications Microsft. Aujourd’hui, MIRACLE, c’est une autre lettre qui est envoyée aux différentes instituions universitaires recommandant le déclenchement d’un processus de migration vers les logiciels libres.

Est-ce par conviction ? nos « décideurs » ont-ils finalement compris l’intérêt d’utiliser les logiciels libres dans l’éducation ? Malheureusement non ! est c’est encore une affaire de $ ou plus-tôt une affaire de dinars – par millions. En effet le contrat liant Microsoft au ministère n’a pas était renouvelé faute d’accord sur le prix forfaitaire pour les licences des différents produits de la firme de Redmond.

L’histoire se répète ? Peut être, mais j’espère me tromper :-/

D’après mon analyse, tout laisse à croire que cette nouvelle recommandation n’est qu’une nouvelle manœuvre de chantage entre le ministère et Microsoft pour que cette dernière baisse les prix voir encore plus. En effet, il ne faut pas oublier qu’au début des années 2000 le gouvernement tunisien sous Ben Ali a déclenché tout un programme national de migration vers le libre, des centaines d’enseignants universitaires ont était formés et certifiés, création du secrétariat d’État à l’informatique, à l’Internet et au logiciel libre, etc. Finalement, grâce à Wikileaks, nous avons découvert que ce projet d’envergure nationale n’était en fin de compte qu’un chantage pour que Microsoft accepte, entre autres, de « former des officiers gouvernementaux, au sein du ministère de la justice et du ministère de l’intérieur, sur la façon d’utiliser l’informatique pour lutter contre le crime. » (06TUNIS2424). Ce qui signifie en des termes plus compréhensible : aider la dictature à surveiller et contrôler ses sujets.

Enseignement supérieur : Jetons notre argent à la fenêtre

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Une lettre envoyée par le ministère de l’enseignement supérieure et la recherche scientifique à tous les établissements universitaires en Tunisie afin de « spécifier leur besoins en systèmes et applications Microsft« .

LettreEst ce la fameux accord signé en 2006, entre le gouvernement de Ben Ali et Micro$oft qui est toujours en vigueur ? Ou c’est un autre accord signé post-révolution ? Car à ma connaissance l’accord de 2006 prend fin en 2011. Pour rappel l’état Tunisien a payé, en 2009, 7,8 millions de dinars et 6,3 millions de dinars en 2010 pour l’acquisition des licences des produits Microsoft (source). Des millions de dinars jeter à la firme de la fenêtre.

N’est il pas temps que nos instances nationales et surtout le ministère de l’éducation et le ministère de l’enseignement supérieure et la recherche scientifique investissent dans des solutions durables avec forte valeur ajoutée basées sur les logiciels libres ?

Conférence Nationale sur les Logiciels Libres en Tunisie : La communauté s’indigne

Après une trêve d’une année, révolution exige, le Ministère des Technologies de l’Information et de la Communication annonce la tenue de la 7ème édition de la Conférence Nationale sur les Logiciels Libres en Tunisie. Cette première édition post-révolution ne laisse pas indifférent la communauté du libre en Tunisie qui qualifient cette conférence comme « de la poudre aux yeux » qui cache des accords passés en grès à grès avec Microsoft et exigent, entre autres, l’ouverture d’un débat impliquant les acteurs du libre en Tunisie pour étudier le coût de ce genre d’accord et l’apport des solutions libres.

Voici le texte envoyé à la communauté :
Durant le Microsoft Governement Leaders Forum qui s’était tenu en Afrique du Sud les 11 et 12 Juillet 2006, le Gouvernement ZABA (Ndr : pseudo de Zine El Abidine Ben Ali) et Microsoft Corporation ont signé un accord de partenariat qui prévoit des INVESTISSEMENTS de Microsoft en matière de formation, de recherche et de développement, mais engage également le Gouvernement Tunisien à utiliser des logiciels Microsoft sous licence [1][2]. En dépit des demandes répétés de la communauté OpenSource, Microsoft n’a pas fourni une copie de l’accord final et de même pour le gouvernement Tunisien. Cet accord a été suivie de plusieurs accords de structures publiques pour un montant total de plusieurs dizaines de millions de Dinars (de 2007 à 2011)[3]. Après la révolution, alors que le peuple Tunisien fait face à sa plus grande crise, le gouvernement Ghannouchi signe un marché de grès à grès avec Microsoft pour 6 millions de Dinars. Le ministère des TIC, le CNI, Tunisie Télécom …. etc font partie des structures publiques qui ont étaient les vecteurs de facilitation et d’exécution de cet accord qui a ENTRAVE LA LIBRE CONCURRENCE ET EMPÊCHE LE DÉVELOPPEMENT DE POTENTIEL DE LA JEUNESSE BASE SUR L’OPENSOURCE.
En plus, grâce à un programme sur la cybercriminalité, Microsoft a formé les représentants du gouvernement au sein des ministères de la Justice et de l’INTERIEUR à l’utilisation des ordinateurs et de l’internet pour lutter contre la criminalité. Tous les internautes connaissent la suite: piratage des comptes facebook et de la messagerie web par Ammar404 (Ndr : pseudo donné par les Tunisiens à l’appareil de censure) lors de la révolution.
Chaque année, le ministère des TIC organise un séminaire OpenSource comme « de la poudre aux yeux » pour aller plus profondément avec Microsoft, avec la bénédiction des responsables de l’OS du ministère. D’ailleurs, ironie du sort, Microsoft a été l’un des principaux sponsor de ces séminaires.
Lors de la visite de Mme Hilary Clinton en Tunisie, c’est à la chaîne TV Nessma qu’elle accorde un interview car Nebil El Karoui (celui qui a dit « Baba le7nin » à ZABA) est le mari de Saloua Smaoui PDG de Microsoft Tunisie en ce temps. Durant l’interview, Mme Clinton n’a cessé de faire l’éloge de Microsoft, allant jusqu’à conditionner l’aide à la Tunisie en TIC par le passage à travers Microsoft.
Nous demandons à tous les acteurs du libre qui vont assister au séminaire OpenSource du 29 Mars 2012 d’exiger ce qui suit:
A – Au gouvernement de mettre sur pied une commission d’experts diversifiée (juridique, technique, commerciale, politique, sécurité …etc), indépendante de l’administration, indépendante des constructeurs et des éditeurs logiciels pour:
* Nous éclairer sur les circonstances de la signature de cet accord, aussi bien avec l’état qu’avec les structures publiques dans le cadre du grès à grès, d’appel d’offre ou de consultations où sont spécifiés explicitement des produits Microsoft (avant ou après la révolution).
* Faire un Benchmarking sur le coût des licences appliqués par cet accord au contribuable Tunisien par rapport à des accords similaires avec d’autres pays.
* Se prononcer sur la validité juridique de cet accord par rapport à la loi sur la libre concurrence.
* Évaluer à leur juste valeurs les réalisations promises par Microsoft dans cet accord.
* Publier les noms des personnes qui ont été formées au USA, avec leurs lieux de travail et le « plus valu » qu’ils ont apporté en Tunisie suite à cet accord.
* Évaluer l’impact macroéconomique sur l’administration tunisienne et l’écosystème des TIC suite à l’exécution opérationnelle par le CNI (Ndr : Centre National de l’informatique) de cet accord.
B – Le gouvernement doit nous indiquer le cadre et le coût de location du bâtiment cédé par le Parc Technologique au MIC (Microsoft Innovation Center) et la raison de la non existence d’autres centres équivalents pour d’autres constructeurs ou pour l’OpenSource.
C – Le gouvernement ou ces structures publiques et parapubliques ne doivent plus signer un accord pareil sans OUVERTURE A LA CONCURRENCE TECHNOLOGIQUE.
D – Le ministère des TIC doit publier ces réalisations suite aux recommandations des séminaires sur l’OpenSource tenues précédemment.
E – L’observatoire des marchés publiques doit publier les appels d’offres et les consultation depuis 2007 dans lesquels est spécifié explicitement des produits Microsoft.